Dans la jungle des supermarchés de zone périurbaine, le tout venant se croise, se toise et s’apprécie comme il convient.
Les petites gens se scrutent et observent, qui observe comme il faut, les règles sanitaires les plus élémentaires, celles qu’on nous assène, tintamarre, dont on nous rebat nos oreilles d’ânes bâtés.
Parfois ils conviennent convenus que tout va bien, parfois ils s’arrêtent sur la brèche représentée par le relâchement coupable de celui qui laisse passer la maladie de l’affichage facial intégral, triste habitude abandonnée, que l’on ne voudrait pas voir reprendre racine impunément.
Ils chuchotent, les gens de rien, les sans dents. Ils ont repéré le pot aux roses de la déraison irraisonnée, de l’imprudence irresponsable. Ils ont peur pour eux, peur pour nous, peur de ne pas être de bons citoyens en laissant faire l’ignominie.
La peur fait parfois manquer de courage, mais pas de pragmatisme. Nos citoyens apeurés confient au plus vite leur effroi au tenancier local, lié par l’amende forfaitaire qu’il risque en cas de débauche interne à son établissement, si les gardes chiourmes venaient constater l’horreur de la scène.
Tiraillé entre le client roi qui se dépense en son sein et la volonté de paraître une enseigne de confiance à la majorité silencieuse qui lui chuchote à l’oreille, le tenancier averti et si l’avertissement n’y change rien, le tenancier expulse…Et si ça ne fonctionne pas, le tenancier chuchotera à l’oreille d’un plus puissant cheval, qui viendra à son tour faire respecter le bon ordre des choses.
Respectons les coutumes et la culture du lieu. L’italien parle avec les mains, le russe boit de la vodka, le chinois chie de la ficelle, l’africain mange ses voisins…Et le français dénonce. En cette belle nation de la délation, du vin et du fromage, quoi de plus naturel que le vol des petits corbeaux, le chuchotement des buses et autres faucon crécerelles.
Ainsi va la vie, ainsi va la nature. N’ayez pas peur d’être vous même, surtout dans la peur, votre nature profonde vous sauvera !